Chronique
La fin des années soixante marque le début de l’ère des communications et du mouvement coopératif. En 1969, le gouvernement du Québec modifiait le ministère des Affaires culturelles pour le ministère des Communications pour y inclure le financement de médias communautaires. C’est alors qu’un groupe de Chicoutimi a eu l’idée de fonder la première radio communautaire au Saguenay : CHUT-FM, 96,7.
Une radio de citoyens par les citoyens
En 1973, Ghislain Bouchard, le père de la Fabuleuse histoire d’un Royaume, était directeur des activités culturelles de l’Université du Québec à Chicoutimi. Il avait eu l’idée de créer une radio communautaire. Ce projet avait pour but de combler un manque dans la diversité radiophonique de l’époque. Il voulait créer une radio qui donnerait la parole aux groupes communautaires et offrir une opinion différente des autres stations. Il avait réussi à rassembler dans son comité de création de la radio communautaire du Saguenay, Louiselle Tremblay, Claude Desbiens, Pierre Demers, Damien Tremblay, André Corriveau et plusieurs autres.
La programmation envisagée était de diffuser 140 heures par semaine dont 70% composées de programmes musicaux tels que le Jazz, la musique québécoise, française et expérimentale. Pour que CHUT-FM représente vraiment l’opinion des citoyens de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, les fondateurs avaient créé des comités de zone qui représentaient Jonquière, Chicoutimi, La Baie et Alma. Ces comités étaient composés d’étudiants, de professeurs, de syndicats, de travailleurs et de groupe communautaires.
Échec de la coopération
Dans l’édition du Réveil du 11 juin 1974, on titrait en page 24 : « La radio FM enregistrée comme corporation à but non lucratif. » Le projet de départ était de créer une coopérative afin que la station puisse appartenir aux auditeurs. Mais lors de la réunion du comité provisoire de juin 1974, les membres avaient décidé d’avoir une charte OBNL à la suite de l’avis du ministère des institutions financières qui disait qu’il ne pouvait accorder une charte de coopérative, car la majorité des profits de l’organisation viendraient de la vente de publicité prestige plutôt que par l’usage des souscripteurs.
Chut! CHUT-FM entre en ondes
Après deux ans d’études et de consultation, c’est en juin 1975 que CHUT-FM entrait en ondes au Saguenay-Lac-Saint-Jean à la fréquence 96,7. Dans l’édition du Réveil du 10 juin 1975, on pouvait lire que la programmation de CHUT-FM améliorerait le contenu musical des ondes saguenéennes, qu’elle donnerait un ton plus sophistiqué à la publicité radiophonique et qu’elle fournirait une image fidèle de la communauté régionale, en mettant l’accent sur sa créativité culturelle et scientifique. C’étaient des ambitions très louables, mais peut-être un tantinet pompeuses!
Chaque jour, CHUT-FM offrait aux auditeurs deux blocs d’information de 60 minutes. Mais cette radio se démarquait en faisant de la contre-programmation. L’émission du matin s’appelait « Avec ou sans sucre » où l’on présentait de la chanson française. L’émission d’information du midi portait le nom de « Point d’interrogation ». Dans l’émission du retour, on parlait des nouveaux microsillons avec l’émission « Le tour d’un 33 pouces.
Même les enfants s’y retrouvaient le samedi matin avec l’émission « Les petits vlimeux » et l’émission de sport s’appelait « Espadrilles ou pantoufles. »
Septembre 1977 la chute de CHUT-FM
Mais hélas, cette belle aventure ne durera que deux ans et demi. À la suite de la syndicalisation des employés de la station, d’un déficit accumulé, d’un changement de la charte d’OBNL à coopérative, mais surtout le manque d’intérêt de la mission de base de certains animateurs et employés de la station dans l’animation et la programmation, les membres ont convenu d’abandonner la licence de diffusion pour CHUT-FM. C’est la fin de la première station de radio communautaire au Saguenay. Mais ce n’est pas la fin de la radio communautaire dans la région, car pendant la création de CHUT-FM, CHOC-FM de Jonquière venait au monde… Vous saurez tout de cette nouvelle expérience dans ma prochaine chronique!
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