Mairies : l’injustice des salaires

Chronique par Roger Lemay
Mairies : l’injustice des salaires

Glissement de terrain mortel à Rivière-Éternité, évacuations à Chapais et Chibougamau lors des feux de forêt, commémoration du drame de Lac-Mégantic, les événements des dernières semaines qui ont touché de petites municipalités m’ont beaucoup fait réfléchir sur le rôle et la rémunération des élus, particulièrement des maires et mairesses. Les chiffres révèlent en fait des injustices flagrantes.

En temps de crise, les maires des petites localités sont appelés à jouer un rôle de pilier dans l’exécution des plans d’urgence. Ils sont omniprésents sur le terrain, soumis à un stress et une responsabilité énormes, ne comptant pas leur temps (souvent plus de 60 heures/ semaine) pour une rémunération dérisoire. En revanche, leurs pairs des villes d’importance encaissent huit ou dix fois plus, en plus d’être beaucoup mieux outillés en termes de personnel d’appoint; directeurs généraux et adjoints, ingénieurs, techniciens spécialisés, policiers, experts en communication. On a beau dire que les élus des petites villes ne sont qu’à temps partiel, pour la plupart ils effectuent des tâches nécessitant de très longues heures de travail.

Le constat est là et m’apparait inégal. Plus souvent qu’autrement, les maires des villages font un travail extraordinaire pour un salaire dérisoire. À l’inverse, la rémunération de ceux (et celles) des grandes villes est parfois pharaonique. Des exemples? 250000$ pour la mairesse de Longueuil (avant que Catherine Fournier ne l’abaisse à 185000$). 230000$ à Laval.

Attardons-nous un peu à la région avec quelques exemples. Revenons sur le maire de Rivière-Éternité, Rémi Gagné, qui a tenu son village à bout de bras. Il touche 13000 dollars annuellement, 5 fois moins qu’un simple conseiller de Saguenay, 13 fois moins que la mairesse Dufour. Bien entendu, les responsabilités ne sont pas les mêmes, de même que la capacité de payer des contribuables, mais on peut admettre sans se tromper que M. Gagné travaille autant d’heures et probablement davantage qu’un conseiller de Saguenay.

Voyons maintenant les villes moyennes de la région. Leurs maires(ses) s’en tirent plutôt bien. D’autres exemples? 140000$ pour la mairesse d’Alma, 106000$ pour celui de Roberval, 115000$ pour celui de Dolbeau-Mistassini. Mais ceux et celles des villages demeurent carrément sous-payés. 13000$ pour le maire de Sainte-Rose-du-Nord, 10000$ à Bégin. Et je ne vous parle pas des conseillers. Pas étonnant que les candidats se ruent pour tenter de devenir conseiller de villes comme Saguenay alors qu’il y a des postes vacants dans les villages.

Or que faut-il faire pour rendre les fonctions de maire et de conseiller plus attractives dans les villages et inciter les candidatures de calibre? Est-ce au gouvernement du Québec à fixer la rémunération des élus? Faudrait-il que Québec détermine leur salaire selon ses propres critères? J’ose à peine m’imaginer la réaction de l’UMQ qui crierait sûrement à l’ingérence. Mais tôt ou tard, il faudra bien trouver un moyen pour qu’il n’y ait pas de maires trop payés, et d’autres, pas suffisamment.

Partager cet article