Je sais qu’au moment où vous lirez ces lignes, notamment sur la version web, ça fera plusieurs jours que Mario Tremblay aura quitté les ondes et que les funérailles de Michel Côté auront eu lieu. À l’ère de l’instantané, une nouvelle est rapidement rendue publique, traitée… puis oubliée, poussée vers la sortie.
Une info, une annonce, une déclaration, une vidéo, une photo sur Instagram, un clip TikTok, ont une vie aussi courte qu’éphémère. Le buzz du moment doit rapidement s’éclipser pour faire de la place à un autre. Les médias se font plus que jamais une lutte féroce pour une pointe de la tarte publicitaire, qui n’en finit plus de fondre. Bref, c’est le triomphe de la courte durée. La vitesse l’a remporté sur la réflexion. Malheureusement pas toujours pour le mieux.
Or je souhaitais revenir, même sur le tard, sur le départ (l’un plus heureux que l’autre), de ces deux Bleuets adorés du grand public. Pourquoi ? Justement parce que je trouve que les bons mots ont été rapidement évacués.
Avertissement; bien sûr je ne mets pas dans le même panier l’importance de la mort d’un homme et le départ à la retraite d’un autre, le niveau de sensibilité n’estévidemment pas le même. Mais reste que, du jour au lendemain, Mario Tremblay et Michel Côté, deux personnages nous donnant l’impression d’être des membres de la famille depuis 40 ans, disparaissent de nos vies.
Je crois bien avoir interviewé Michel Côté deux ou trois fois, notamment lorsque lui et Marcel Gauthier ont signé le livre d’or de la Ville d’Alma. Vous dire sa fierté et son émotion. Palpables et non feintes. D’ailleurs un des plus beaux gestes pour lui rendre hommage est survenu bien avant sa mort, lorsqu’on a nommé la salle de spectacle du PWD en son honneur. Trop souvent c’est le genre de gestes qu’on pose sur le tard, à titre posthume, or Michel Côté aura pu savourer cette marque de respect de son vivant en étant conscient qu’elle perdurera dans le temps.
Par ses rôles (il est allé partout, du comique au tragique), il nous en a fait couler des larmes, de joie et de peine, pendant des décennies. Ce n’est pas donné à tout le monde. C’est pourquoi je crois que cette lourde perte pour nous, du public, et nous, comme Bleuets, on a bien du mal à l’accepter. Ce départ fait mal plus que d’autres. On sentait Michel Côté sincère et humaniste, sur une scène, aux petit et grand écrans, mais surtout face à face, en entrevue, autant que lorsqu’il signait un autographe.
Pour Mario, c’est bien différent. Mario ne jouait pas de rôle à part le sien, et c’est tout un personnage. À son arrivée avec le Canadien à 18 ans, nous étions une bande de ti-culs qui étions demeurés fidèles à la Sainte Flanelle alors que tous nos pères et oncles avaient basculé du côté des Nordiques, notre nouvelle « équipe locale », qui venait de quitter l’AMH pour la Ligue nationale.
L’unique raison ? Mario Tremblay. Ce même Mario qui n’a jamais rien perdu au fil des années ni de sa fougue ni de son franc-parler. De sa toute première entrevue en direct sur le bord de la bande avec Lionel Duval à l’issue de laquelle, avec son bel accent almatois, il a conclu en y allant d’un « beau bonjour à mon père Gonzague et à mes chums d’Alma », jusqu’à sa dernière apparition sur RDS, il est resté le même.
Ce n’était certes pas le joueur le plus talentueux, mais c’est lui qui avait, de loin, le plus de coeur au ventre. Un sans peur. Il se présentait sur la glace le feu dans les yeux et le couteau entre les dents et ne reculait devant aucun « goon ». Si la rivalité Canadien Nordiques avait un visage, ce serait celui de Mario Tremblay. Par-dessus tout Mario est le genre d’homme qui te fait toujours sourire, sa bonne humeur est contagieuse, lui qui a toujours été fier de sa région. Toujours les mêmes étincelles dans les yeux, sur la glace, comme entraîneur-chef, comme animateur, chroniqueur et débatteur. On lui souhaite une retraite bien remplie.
Alors pourquoi aime-t-on tant Mario et Michel ? Je risque une réponse en 4 mots : grandeur, fierté, simplicité et authenticité.
Mon côté nostalgique me fait écrire qu’il n’y en aura pas d’autres comme ça. Je ne sais pas pour vous, mais j’ai de la difficulté de rayer ces deux prénoms-là de ma vie. C’est tout simplement dur à passer.